Tuesday, December 21, 2010

Grec et Latin, deux langues deux destins

Je viens de lire parti de La Naissance du Français.

Environ l'an 600, les évêques en concile décide de récommender un style bas de langue pour la prêche: celui que comprend le peuple. Venire habes plutôt que venies. [De] mansionem/casam plutôt que domus ou domo. Qui se plaignait alors que ce qu'on écrivait venire habes se prononçait vieniraves ou vieniras? On avait l'habitude de faire une écriture plus détaillé en syllabes et plus imprécise dans les diphtongues des voyelles toniques que la prononciation réelle.

Comme si on dirait "mec plutôt qu'homme" ou "être humain plutôt qu'homme". Ou "je suis allé à Saint Jacques en ..." plutôt que "je fis chemin à Saint Jacques en ...". Et biensûr à prononcer Chuiallé ... en écrivant "je suis allé".

L'an 813 ils décident (c'est dans le nord des Gaules) de traduire le sermon en "linguam romanam rusticam". Une autre langue à côté du latin ou de la langue "theutisca". Viendras plutôt que venies.

Précisement comme si on dirait à un prêtre ayant fait l'école française sans latin de traduire systématiquement "viendras" en "venies" et c selon les observations sur la langue latine.

Pour le grec ce n'est pas pareille du tout, on a gardé la glossa katharévousa jusqu'en les années 1970' comme langue officielle. Quitte à qui le voulait de supplémenter les lacunes de l'attique pur néotestamentaire (quand même glossa et non glotta!) de soi-même ou de l'interlocuteur ou correspondant par quelque terme tamponné comme δnμoτιkn.

Et pourtant le premier écrivain en Gaule, Caesar et un des derniers, Camus sont séparés par autant de siècles que Δíωv Kaccιoc de Kazantsakis.

Ceci a un corrélat: dans le huitième siècle, la compétence du latin a du être jugé très différemment par un gaulois et un byzantin. La prétention que "les latins ne comprennent plus leur propre langue qu'à peine, encore moins la notre" doivent être pris comme compétence populaire quant aux langues classiques.

Il y a biensûr des érudits restés en place qui ont maitrisé les langues écrits de leur forme classique, sinon en Gaule au moins en Angleterre (où la langue parlé était proche de la theutisca) et même chose à Reichenau en les Allemagnes. D'où la vacuité complête comme argument théologique "les latins ont mal compris ça, ils ne parlaient plus grec" - même si les diplomates du βacιλeυc ont effectivement constaté ça en place, ça n'a rien à dire sur la compétence lingustiue d'un théologien.

L'argument devient biensûr encore plus spécieux quand on considère pour telle théologoumène - l'Immaculé Conception - que dans ce cas là, les russes auraient souffert de la même incompétence linguistique. Et alors? À Constantinople il y avait des doctes qui pouvaient traduire la phrase grèque en Conceptio Immaculata ou en Conceptio Ste Anne selon ce que voulait dire la phrase grècque. Et quand on introduit une fête de Constantinople, on fait biensûr un effort raisonnable de s'informer sur la signifcation exacte de cette fête. Ce ne sont pas juste nous les Latins qui croyons l'Immaculée Conception, c'étaient les Russes aussi, jusqu'à recevoir le Skirgeal en 16671.

Mais, qu'il s'agisse de ceci ou d'une autre question, ça fait temps que les byzantinistes cessent de faire valoir "malentendu des latins à cause de leur incompétence linguistique". Les byzantins de l'époque, ayant un peuple où l'école donnait accès à la langue classique par Soudas, sauf pour le bas populace, n'avaient pas l'habitude de chercher un savoir linguistique uniquement chez le prêtre du village ou chez l'évêque et les moines d'une ville. Ils jugeaient selon ce que leurs oreilles dans les rues entendaient, que le peuple ne parlait plus le grec du tout ni le latin de César. Ce qui n'est pas faux, mais qui ne vaut pas comme passepartout contre les latins non plus.

Hans-Georg Lundahl
21/XII/2010
Boulogne-Billancourt

1En anglais j'ai fait un peu plus brèvement le même argument avant d'introduire le lien vers une étude approfondie sur la question: pour l'Immaculée Conception chez les Staroviéri, je renvoi par mon introduction à cette étude: Movn aγvn, movn eυλoγnμevn.

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