Sunday, August 12, 2012

Malebranche - Bof ...


Je viens juste d'ouvrir De la recherche de la vérité. Où l'on traite de la Nature de l'Esprit de l'homme, & de l'usage qu'il en doit faire pour éviter l'erreur dans les Sciences (1674-1675).

Livre Premier. Les quelques premiers chapîtres.

Selon la wikipédie il aurait voulu synthétiser St Augustin avec Descartes. Il aurait peut-être fait mieux de ne pas se soucier tant de Descartes.

Par rapport à St Thomas d'Aquin et à St Augustin là où il parle de la Philosophie, Malebranche est beaucoup plus proche d'un scepticisme radicale. Hâtons-nous à ajouter qu'il n'y est pas dedans, car il essaie de le mitiger avec le Christianisme, mais il s'y approche beaucoup plus que St Thomas ou St Augustin d'Hippone.

Car pour l'un comme pour l'autre, si les sens ne sont ni l'unique, ni la plus haute source de la connaissance de la vérité, ils sont une source en général fiable. La présomption est de suite que les sens ne trompent pas, et le contraire doit être prouvé cas par cas.

Malebranche par contre situe les sens dans une condition de l'esprit humain que rien ne rélie nécessairement à l'extérieur.

Au contraire: si la causalité entre objets et sens n'est pas nécessaire d'une nécessité impossible à rompre, elle l'est de manière générale par une nécessité dérivée de la bonté de Dieu qui veut que tous les hommes parviennent à la connaissance de la vérité et soient sauvés. Ce qui serait assez pénible si déjà le premier pas était une aventure.

Visus gustus tactus in te fallitur

Oui, au sujet de Vous, Seigneur, la vue et les autres sens ne nous aident pas comme ils aidaient les Apôtres. Mais ils nous aident à propos des choses inférieures à Vous et dont la Connaissance nous est utile pour notre vie terrestre et pour vous trouver.

Sed solo auditu tute creditur
credo quicquid dixit Dei Filius
nil hoc veritatis Verbo verius.


Si Galilée de Pise était Vous, était le Galilée de Nazareth, il aurait fallu lui croire l'héliocentrisme comme l'eucharistie, même contre les sens. Il ne l'est pas. Et nos sens ne nous confirment pas ce qu'il a dit.

Sans ni cause divine ni argument rationnel de dévier du témoignage des sens, il vaut mieux y rester.

Comme le disait Père Bryan Houghton à propos de Descartes - le maître à penser de Malebranche - il n'y voyait pas l'interêt de commencer avec le doute systématique. Il ne voyait pas non plus que le moyen de se sortir du doute était très bien choisi par Descartes non plus.

Je ne sais pas si je suis d'accord: je ne peux pas imaginer de douter du fait que je pense, ni de douter du fait que la pensé doit avoir un substrat et que pour la mienne le substrat est moi. Mais alors, je ne m'imagine pas non plus comme jouant avec des conceptes comme "Deus deceptor" ou son synonyme, une quelleconque origine non divine et donc incapable de nous garantir par exemple une correspondance nécessaire entre les sens et leurs objets ou entre les extensions ou intentions des termes ou entre les prémisses et leur conclusions dans les figures de Barbara, Celarent, Darii Ferioque ...

Dès que je me pose la question, je suis d'accord que nous ne sommes pas créés pour l'erreur, ni évolués de manière à rendre l'erreur plus naturelle que la bonne raison.

Un athée peut bien trouver que c'est un hazard malheureux que notre entendement quottidien rende le géocentrisme intuitif et son contraire contre-intuitif, de manière d'exiger beaucoup d'oeuvres de l'érudition, de l'art et de la pédagogie pas sans contraintes pseudolégales pour nous y faire croire, et aussi qu'un hazard tout aussi heureux nous à permis de nous affranchir de cette erreur et de faire ces oeuvres de la modernité.

Comme chrétien je ne peux pas croire que Dieu ait négligé la question ni qu'Il ait placé la vue incorrecte du monde tellement à porté du premier petit sauvage et la vue correcte à porté uniquement d'une civilisation chrétienne en voie vers l'apostasie.

Ni qu'Il ait permis à son Église de se tromper quand elle avait le pouvoir de regler les idées dans la société pour la laisser trouver le bon chemin uniquement grâce à des opposants comme Galilée ou adversaires extérieurs comme Milton (un Arien!) dont la visite chez Galilée à valu une bonne réputation dans le pays où The Booke of Martyrs par John Foxe rendait l'Inquisition odieuse au grand public.

Je continue donc à préférer la Summa et les autres écrits de St Thomas à Malebranche.

Hans-Georg Lundahl
BpI Georges Pompidou
11 dim après Pentécôte
mémoire de Ste Claire d'Assise
12-VIII-2012

(Je crains que cet aveu ne me rendra pas très aimé par des prêtres plus malebranchiens que thomasiens.)

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