Wednesday, December 5, 2012

Une vue créationniste sur l'indo-européen


Quand pendant quelques mois fin 2004 et début 2005 je me trouvais à Berlin et fréquentais Freie Universität, surtout donc l'Institut der Indogermanistik, un projet possible sautait dans mes yeux.

Pour un naturaliste il y a deux approches possibles à la raison pourquoi on retrouve "ist-sind" en allemand, "est-sunt" en latin (et donc "il est-ils sont" en français), "esti-enti" remontant possiblement à un "esti-henti" en grec (doric ancien) et "asti-asanti" en Sancrit. Et Pourquoi on retrouve un peu partout dans les mêmes langues (et d'autres concernées par ce genre de considérations, par exemple il ne s'agit pas du Turc, ni du Chinois), les mêmes mots pour père (sauf en baltoslave), pour mère, pour frère et sœur (sauf en grec et en espagnol et portugais), pour fils et fille de quelqu'un (sauf précisément "filius et filia"), pour roi et pour roue (y compris "rex", non compris "rota").

L'une c'est que ces langues ont une langue vraiement morte comme ancêtre commune. Un peu comme la latin, mort en tant que langue parlé au quottidien, mais bien vivant en langue érudite et litéraire, l'est pour les langues romanes ou néoloatines.

L'autre - qui fut proposée par Troubetskoï - est qu'un ensemble de langues sans parentèle antérieure (ou, dans ce cas, avec une parentèle antérieure comprenant aussi du non-indo-européen) convergent par emprunts mutuels, sans jamais converger dans une seule langue mais partageant de plus en plus en grammaire systématique ou lexicale, comme les langues nordiques de l'Est entre elles et avec le Bas-Ammemand, ou comme certaines langues balcaniques, jusqu'à un moment où nous les retrouvons en écrit, et qui après le moment de ces retrouvailles ne convergent plus,

Pour le supranaturaliste croyant, comme je le fais, que la tour de Babel a existé, il y a une autre explication encore.

Dieu, en dispersant les langues, a bien pu donner à certaines une ressemblance de la même nature - les mêmes divergences superficielles avec les correspondances systématiques et donc la convergence de fond - qu'ont les langues apparentées par langue-ancêtre commune, mais sans qu'elles aient eu cette pré-histoire. La proto-indo-européen se trouve alors de toute éternité parfaitement sinon parlée au moins parlable par la sagesse de Dieu, mais n'aurait jamais été parlée par un seul homme. Ou même la convergence est tellement paradoxale qu'elle n'est pas le résultat d'une mais de plusieurs langues non connues sauf par Dieu, mais qui se développent de manière à donner - parfois de l'une, parfois de l'autre - les diverses formes indo-européennes connues des mots et des morphèmes et du reste. Et de toute éternité également Dieu connaît toute langue-fille de cette langue ou de ces langues qui soit possible, y compris les qui ont été réellement parlées, y compris celles que nul homme n'ait jamais parlée. Et entre ces langues-filles possibles, Dieu choisit quelques-unes en remplaçant avec celles-ci la connaissance ou la compétence linguistique qu'avait eu avant chaque bâtisseur de la tour de Babel.

Mais comment savoir si un mot est plus divin qu'un autre? Surtout dans une langue réconstruite dont on ne connait même pas la prononciation ou la signifiance exacte de tous les mots?

Mon projet n'était évidemment pas de cueillir "évidences" pour la divinité du proto-indo-européen, mais uniquement de montrer que c'est une possibilité linguistique que les postérités de Iavan et de Togorma (deux des pères originaux des 72 nations d'origine) aient dès le moment qu'ils quittent Babel parlé des langues ayant sa parenté la plus forte uniquement en Dieu à côté d'une parenté assez faible avec le si-dit Hébreux antérieur (qu'il soit plutôt le Hébreux de la Torah ou qu'il soit l'Araméen de la liturgie Syriaque) et avec les autres langues de la dispersion. Mais aussi, encore plus prosaïquement, que certains similitudes entre par exemple Attique (une des langues parlées par la postérité de Iavan) et l'allemand (une des langues parlées par la postérité de Togorma) aient même pu avoir leurs origines en emprunts mutuels, comme on les retrouve maintenant chez les langues de l'Europe Occidentale pendant les siècles qui forment les langues modernes.

Le changement des langues n'est pas un processus tellement connaturel à l'homme qu'on puisse lui donner une seule direction naturelle, à savoir la divergence, avec comme œuvre uniquement civilisatrice et artificielle et par contrainte la convergence. Avant la civilisation ou les civilisations, il y a la civilité. Et son contraire, l'incivilité, aussi, bien sûr.

Ni est-ce un processus tellement à une seule rapidité, comme la vieillesse des hommes, qu'on puisse faire remonter le Proto-Indo-Européen (à supposer qu'il était une langue et parlé par des hommes) à tel ou tel date avec seulement les arguments linguistiques. Srtout, s'il vous plaît les athées, quand il s'agit d'un date antérieure à la tour de Babel!

Entre le Déluge - je me prends la liberté religieuse élémentaire de le traiter comme un fait historique et la Genèse comme une source historique fiable, même en votre illustre présence - entre le Déluge donc, et la tour de Babel, il n'y a pas eu de temps pour des changements majeures, puisque toute l'humanité était un peuple jusqu'au moment quand Héber, Peleg et Ioctan optent en dehors du "projet commun" (devenu impie) et gardent leur langue (qu'elle soit plutôt Hébreux ou Araméenne dans le sens linguistique des mots), tandis que les autres se dispersent après l'échec du projet commun impie.

Avant le Déluge, la longuévité contrecarrait une tendence purement naturelle à changer la langue, comme celle étudiée par la sociolinguistique (on ne choisit pas de changer la langue en quelque inconnue, mais d'en changer "les lettres", comme la prononciation d'R - les linguistes disent d'ailleurs pas "des lettres" mais "des phonèmes" - ou on remplace un mot avec un néologisme).

Après Babel - immédiatement après - nous ne pouvons pas savoir à quelle cadence se déroule la lignée de changements de chaque langue, car dans les temps mieux étudiés et encore plus proche de nous, nous voyons des dispersions linguistiques se dérouler à un tempo fortement différent parmi les Amérindiens et les Anglais d'une certaine période.

Les Anglais des deux côtés de l'Atlantique, donc des Royaumes-Unis et des États-Unis sont "séparés par une langue commune", tandis que des Amérindiens ont développé ses séparations par deux langues bien différentes, dans un lapse de temps observé par les colonisateurs qu'ils soient WASP ou français et catholique. Au moins une population Amérindienne s'est scindé en deux qui après quelques générations seulement ne se comprennent plus de tout.

Mais, somme tout, s'il est vrai que se trouvent en tablettes Assyriennes de 2000 avant Jésus-Christ (ou 950 après le déluge) les premiers mots indiscutablement indo-européens, c'est à dire, non dans la proto-langue hypothétique, mais dans une quelconque langue indo-européenne, il est plus facile de faire remonter les similitudes et différences à un double processus, comme changements linguistiques divergents et emprunts linguistiques convergents et ceci à la fois, que de les faire remonter à un seul processus que seraient les changements divergents opérant sur un base au début identique, dans un lapse de temps court comme entre Nimrod et ces tablettes là.

D'où la question: y a-t-il une quelconque évidence contre une origine commune identique de toutes les langues indo-européennes?

Et: y'a-t-il une théorie certes ad hoc mais plausible qui rendrait compte des évidences allégués pour une telle origine commune? Prenons ma théorie ad hoc d'abord.

On sait qu'il y a des similitudes religieuses entre les paganismes indo-européens. Si un peuple peut avoir eu une religion commune qui change entre les peuples qui se succèdent à sa dispersion, un peu comme on voit le Protestantisme après la Réforme s'éparpiller après une base Catholique quasi identique, c'est également vrai que la religion peut être commune à plusieurs peuples et les unir. Avec comme un moyen entre autres, une langue sacrée. Le latin au Moyen Age occidental ou le slavon au Moyen Age de l'Europe de l'Est et audelà du Moyen Age ont bien pu servir à la fois une fonction d'unité religieuse et une fonction d'unification linguistique. Les deux cas il y a eu un manque notable de prononciation commune. Coelum a pu se prononcer avec tseu ou tsé ou tché au début, et ça dans les églises jusqu'au temps de St Pie X, et la situation est analogue pour le slavon.

Il semble que le lituanien ait rempli une fonction analogue parmi les ancêtres de Mindaugas et une langue proche par le Krivé en Prusse avant la conquête par les Cheveliers Teutons. Ce dernier mot est à la fois "un pape payen" et son bâton d'office, probablement idintique au lituus des augures. Et, comme le grec, le lituanien est une langue indo-européenne assez archaique, assez proche de la base commune (qu'elle soit ancêtre commune ou convergence). Les langues indo-européennes seraient donc les ruines d'un projet échoué comme la tour de Babel et monté après la tour de Babel. Échoué, car non de Dieu. Mais pourtant fortement religieux. Ou peut-être de plusieurs projets successifs dans ce sens.

Que je dis en suédois "far" et "mor" comme on dit en latin "pater" et "mater" grâce à un espéranto non laïc mais payens (para-historique, car se déroulant à côté de l'histoire du Proche-Orient, centre historique de l'époque), ça ne me gêne pas comme Chrétien? Car c'est ça que je suggère comme solution alternative pour les ressemblances indo-européennes. Pas du tout. Pas plus qu'il me gêne que "Pontifex" que j'utilise parfois pour évêque (et donc Pontifex Maximus pour Pape) remontent à une religion très différente du Christianisme, ou que le mot "ekklésia" fut d'abord désignation pour des cités, pour des peuples payens assemblés pour choses militaires ou législatives ou jurisdictionnels ou même purement religieuses, mais quelle que soit l'occasion, probablement jamais sans idolatrie.

Car, effectivement, le vocabulaire commun indo-européen semble très apte à être le vocabulaire commun culutuel ou diplomatique ou les deux à la fois.

Si le roi de France appelle dans une lettre le roi légitime et Stuartien d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande "cher cousin" et les Anglias retiennent "dear cousin", ça me semble une théorie beaucoup plus explanatoire pourquoi l'anglais et le français partagent le mot "cousin" (avec des prononciations différentes, même dès le début, peut-être) que de supposer que l'Anglo-Saxon et le Gallo-Romain aient hérité ce mot d'Anatolie ou des peuplades qui montaient des kourgans à Kiev. D'ailleurs, l'allemand garde un vrai mot germanique pour cousin, à savoir "Vetter". Ajoutons juste que la Conquête Normande - antérieure aux Bourbons et aux Stuarts - est certainement encore plus vraisemblable pour ce mot en anglais.

Et si main et tête sont deux entités tellement sacrées qu'on puisse dire que les mots divergents soient des euphémismes et donc des néologismes conscients à la base, alors c'est aussi possible que les langues différentes de l'origine aient chacune gardé son mot original, et donc résisté à cet espéranto ou koiné indo-européenne, pour un motif semblable.

Si on regarde le système des déclinaisons, c'est possible que les systèmes à huit cas (nominatif, génitif, datif, accusatif qui fait double emploi avec l'allatif et l'illatif, vocatif, locatif, instrumental et le vrai ablatif) ait une autre origine que le système hittite (un contraste nominatif-accusatif uniquement dans le genre animé, pas de genre féminin du tout, un adjectif déclinable ayant une forme proche d'un génitif qui n'est pas là dans le balto-slave, où l'ablatif prend sa place).

Si on regarde la conjugaison, on peut imaginer que certains aspects de la conjugaison "classique" sont dus à une langue fenno-ougrienne, comme les désinences du présent d'indicatif actif, tandis que d'autres soient dus à une langue sémitique (le médiopassif comme simplification de certaines diathèses parallèles de ces langues, l'aspect verbal dans le passé, reflexe du contraste perfectif - imperfectif dans les grammaires sémitiques) et c'est d'ailleurs aussi pour motif de ces similitudes qu'onait voulu compter les trois grandes familles indo-européenne, afro-asiatique et fenno-ugrienne avec le reste de l'altaïque dans la mégafamille nostratique. Complétons que la réduplication, l'augment qui manque dans la plupart des langues, le passé fort germanique (rappelant passé simple perfectif troisième singulier masculin des langues sémitiques) sont aussi des élements qui peuvent bien être hétérogènes, provenir des langues différentes.

Mais, objecte-t-on, on n'emprunte pas ses formes grammaticales d'une autre langue!

Oui, on le fait, au moins pour jouer. Le macaronique est une poësie avec désinances latines mais du lexique du vernaculaire, et ça existe en français (de la Renaissance), en allemand, et en suédois. Un exemple qui me saute en mémoire est "gingimus in gatis" pour soit le pur suédois "vi gingo på gatorna" soit le pur latin "ibamus in viis". Celui-ci en plus avec le manque germanique de sensibilité aux deux aspects du passé: le choix est pour le passé simpple et non pour l'imparfait qui n'existe pas à proprement dire dans les langues germaniques (sauf anglais qui l'a par périphrase). Comme un Finnois ou un Hongrois (non-indo-européens) pourraient être eux aussi plutôt pour un même passé qu'il soit imparfait ou prétérit parfait en latin.

Et les pronoms? On sait qu'il y a plusieurs langues sans des vrais pronoms. Le japonais a des substantifs où la bonne forme pour "ego" dépend non seulement du sexe de celui qui parle, mais aussi des relations sociales très stratifiées qu'il entretient avec celui auquel il parle.

Et les nombres un à dix, plus le nombre cent? Il serait peu aisé d'avoir une religion commune sans les premières chiffres compréhensibles. En Russie on a eu une guerre religieuse après 1666 sur la bonne manière de grouper les cinq doigts en deux et trois pour rerpésenter les Trois Personnes de la Trinité et les Deux Natures du Christ (on accusait l'adversaire de représenter, hérétiquement, trois natures en Christ ou deux personnes dans la Sainte et Divine Trinité), et elle portait aussi sur la coupure de l'hostie, en cinq ou sept parties. Et pourquoi alors ajouter cent à cette liste? Bien, et Pythagore parmi la postérité probable de Iavan, et Gedimynas parmi les enfants probables de Togorma ont fait de sacrifices en hécatombes, c'est à dire ils sont sacrifié cent bœufs à la fois. Tels et semblables sont à peu près mes arguments.

Mais à Berlin, Freie Universität, en 2005, je n'ai pas très bien présenté ce projet de recherches linguistiques.

Il semble que dès que j'avais déclaré le but (revendiquer la possibilité de la tour de Babel), le professeur (chez lequel je n'étais pas encore inscrit, d'ailleurs) n'était point plus intéressé des arguments pour cette thèse à la Troubetskoï. Bonne chance aux autres linguistes Chrétiens - s'ils ne sont pas systématiquement soit alignés à une méthodologie obligatoirement non métaphysique, soit éliminés (comme moi) pour le refus de s'aligner de cette manière.

Et "herzliche Grüße" aux autres que j'ai connus à Freie Universität, Institut der Indogermanistik, avant le 17 mars 2005!

Hans-Georg Lundahl
Nanterre, Paris X
St Sabbas
5-XII-2012

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