Saturday, May 11, 2013

Outre-Quiévrain et Ultra Caprinium pour aller chercher l'évolution linguistique

Une phrase qu'on retrouve assez souvent en Présent, c'est "outre-quiévr[a]ins" = "Belges" [pour les Belges le mot veut dire Français].

Probablement, Quièvre ou Quiévrin est un fleuve. Outre = au de là, du latin ultra.

Donc, ultra caprinum (si le fleuve s'appelle Quiévrin) ou ultracaprini.

- Caprin-? - Oui, pourquoi pas?

- Mais ça donnerait Chievrin!

- À Paris, oui. Mais on n'est pas à Paris là.

Cha donne Quiévrin dans le Nord.

- Pourquoi?

- Tu connais la phrase "c'est un cheval ça"?

- Oui.

- Au Nord c'est "ch'est un keval, cha".

- Tu veux dire "c'est un cheval ça"?

- Ch'est bien che que je dis: "ch'est un keval cha."

(Ecce est bene ecce quod ego dico: ecce est unus caballus ecce illâc - sauf qu'en latin "ecce" était moins utilisé qu'en français "ce" avec le composé "ça/celà" du latin "ecce illâc")

J'avais tort, semble-t-il, Quiévrain est une commune, non pas un fleuve. "À l'époque romaine, Quiévrain se nommait 'Caprinium' ('le bois aux chèvres')." Dont la gare donne cette expression:

Expression « outre-Quiévrain » (article)
La gare est à l'origine de cette expression qui désigne la Belgique depuis la France(et inversement). Au XIXe siècle et jusqu'à la Première Guerre mondiale, Quiévrain était la gare-frontière de la ligne de Paris à Bruxelles. Les convois s'arrêtaient et les voyageurs étaient soumis au contrôle de la douane, installée dans une aile du bâtiment. Passé la gare, on était « outre-Quiévrain ».
références cités:
A Quiévrain, la gare frontière -Les cahiers de l'urbanisme - N°40-41 - Septembre 2002 pp 144,145 consultables sur google book* "Quiévrain devint donc un lieu de passage fréquenté pour les relations franco-belges, où tous les voyageurs devaient s'arrêter et se soumettre au contrôle de la douane. cette fonction transparait notamment dans divers témoingnages relatifs à des personnalités du XIX ème siècle telles Victor Hugo, Verlaine ou Rimbaud. De là vient l'expression "outre-Quiévrain", encore couramment utilisée pour qualifier le pays voisin."


En effet la page 144 n'y est pas consultable. Est également cité un poëme de Baudelaire qui utilise l'expression Outre-Quiévrain divisée sur deux lignes, pour le rime assez peu poli de la partie Outre.

Mais j'avais raison sur la manière dont évolue le son, voire l'article sur Le Quesnoy (=la chênaie), toponymie:

article
Le Quesnoy est d'abord attesté sous des formes latinisées accompagnées du nom de son prétendu fondateur, le dénommé Haymon ou Aymond : Haymonis Quercitum; Quercitum (formes latinisées d'après le latin quercus, chêne, terme qui ne s'est jamais imposé en Gaule, contrairement au terme rouvre issu du latin robur qui désigne une sorte de chêne.); Caisnetum dans les chartes latinisées d'après le picard du XIe au XIVe siècle; Haismont-Caisnoit; Le Kaisnoit; Le Caisnoy; Caisnoit; Quesnoyt dans les titres romans de la même période (cartulaires du Hainaut, de Cambrai, et de Condé.). La forme « Quenoy » est l'équivalent picard du français central chênaie et signifie exactement la même chose.

En picard, comme en normand septentrional au nord de la ligne Joret, le groupe /ca-/ latin n'a pas évolué comme en français, d'où par exemple quièvre / quèvre, chèvre issu du latin capra ou quen / quien, chien du latin canu(s) ou quemin, chemin issu du latin d'origine gauloise *cammino- et quêne, anciennement caisne, puis quesne, chêne issu du latin cassinus (d'après latin fraxinus > frêne) d'origine gauloise *cassăno-. Le suffixe -oy est la forme prise par le suffixe latin -etu(m) dans le domaine dialectal picard qui regroupe une grande partie du Nord de la France et quelques communes de Belgique, ailleurs dans le domaine d'oïl -etu(m) a produit -ey ou -ay, d'abord masculin, puis -aie féminin. Ce suffixe sert à désigner un ensemble d'arbres appartenant à la même espèce.
références cités:
Walther von Wartburg et Oscar Bloch, Dictionnaire étymologique de la langue française, PUF 1960 Pierre-Yves Lambert, La Langue gauloise, éditions errance 1994


La manière dont changent les langues et dont elles se diversifient, est très fascinante. Elle fut étudiée dès le début du XIX Siècle, et une généralisation abusive du schema peut très bien avoir été une des inspirations pour la théorie erronnée de Darwin. Le site Creation dot com ou Creation Ministries International a un article très détaillé dont les résultats ne divergent pas notablement des miens (sauf que j'utilise aussi le concept de Troubetskoï: l'unité Indo-Européenne n'a pas nécessairement son origine dans une seule protolangue, comme l'est le latin pour les langues romanes, mais peut remonter à plusieures, via emprunts linguistiques mutuels très poussés et pour des concepts où les linguistes prétendent qu'il n'y a pas d'emprunts que très rarement, comme mots très usuels ou comme parties de la grammaire).

Notons que l'évolution "spontané" des sons, à elle seule, ne peut pas donner le français, d'un ou d'autre côté de la ligne Joret, mais uniquement un latin dégradé outre possibilité de communication. Il a fallu restructurations pour garder la langue compréhensible. "Solum" et "solem" donnent en soi, les deux, "sol", selon les lois qui produisent les formes françaises à partir du latin. À différence de l'espagnol qui a "sol" pour "solem" et "suelo" pour "solum." Mais heureusement "solem" avait un diminutif, "soliculum," d'où "soleil". Ou plutôt, à partir du moment que SO-lau et SO-lé commencent à s'approcher de SO-leu (un -eu bien antérieur à cet autre -eu qui vient du latin -a), on fait un diminutif pour celui des deux "SO-leu" qui est, à la vue, le plus petit (car le plus éloigné), "so-LI-clo" ou "so-LI-cleu". Si l'on comprend pas qu'il faut de la création humaine pour que l'évolution linguistique ne donne pas une langue inutilisable, on ne comprend rien à la si-dite évolution linguistique.

En plus, la langue écrite française ne commence nullement avec un changement lent de l'orthographe latine, mais avec une décision volontaire, la diglossie entre parler et écriture était, mille ans après Plaute et Térence, chez qui la langue était passablement la même dans les deux formes devenue deux glosses et on décide pour des raisons pragmatiques de fixer des paroles en écriture de manière qu'elles soient prononçables. Alcuin de York était venu forcer les clercs de ne plus prononcer "servus, servum" comme "sers, serf", mais comme "SER-vouce, SER-voume" (prononciation antique peut-être un peu inexacte pour l'accusatif), et par conséquent on avait un rapport plus phonétique entre écriture et prononciation, ce qui permettait d'écrire la pronociation "serf" comme "s-e-r-f". Ce qu'on fera pour préparer les homélies, dialecte par dialecte, et même langue par langue (oc et oïl) après un concile de Meaux, et pour préparer un prince franque germanophone de prononcer un serment correctement en roman, ceci à Strassbourg.

Le français est à son début une création, non pas une évolution.

Une parallèle mal comprise n'est pas un argument philosophique valable, mais ça a été un argument propagandiste redoutable.

Si la théorie vous amuse autant que les étymologies au nord de la ligne Joret, et si vous liseez l'anglais, il y a de quoi se regaler:

CMI : Towering Change by Carl Wieland
http://creation.com/towering-change


En latin j'ai écrit moi-même:

Φιλολογικα/Philologica : Coniectura Linguistica pro Casu Unitatis Lingue Indo-Europee
http://filolohika.blogspot.fr/2013/01/coniectura-linguistica-pro-casu.html


Et en français:

Φιλολογικα/Philologica : Une vue créationniste sur l'indo-européen
http://filolohika.blogspot.fr/2012/12/une-vue-creationniste-sur-lindo-europeen.html


Et encore en anglais moi-même aussi:

Assorted retorts [...] ... on Tower of babel or language evolution
http://assortedretorts.blogspot.fr/2008/11/tower-of-babel-or-language-evolution.html


Il y a tout un dossier auquel je donne les liens en haut de chaque article dedans. Je renonce donc à donner les liens vers ce dossier à chaque article ici.

Hans-Georg Lundahl
Mouffetard
Sts Philippe et Jacques, Apôtres
11-V-2013

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